Derrière le rideau de mes peurs,
Longtemps je me suis cachée
Puis peu à peu perdue.
Perdue de vue,
Je flotte comme un leurre
A l’âme damnée
Qui a enseveli au plus profond de son cœur
Sa terrible vérité.
Sous des couches de poudre dorée,
Mes grands yeux effarouchés aux contours cernés et ridés
Ne trompent guère le nombre des années.
Mes ongles rouge sang,
Signes de ma puissance passée
Rempart ultime de mon secret s’effritent,
Laissant place à l’amertume de la chute finale.
Je me souviens…
J’ai trahi, j’ai vendu mon âme à un soldat pour quatre œufs et un morceau de lard.
Aujourd’hui, au crépuscule de ma vie,
jour et nuit,
chaque minute, chaque seconde,
le regard bleu terrorisé d’un enfant, caché derrière le rideau de ma boutique,
me scrute avec insistance et glace mes vieux os de honte.